Station: [8] Fragment d’un tympan roman


Penché en avant, ailes déployées, un ange souriant tend les bras devant soi.

Malheureusement, une bonne partie de la scène originelle a disparu, car en fait, cet ange tient le bord d’une mandorle, d’un cadre en forme d’amande où s’inscrivait à l’époque une représentation du Christ ressuscité. A présent, seul demeure visible le disque terrestre que le Christ tenait dans sa main gauche.

Vous pouvez vous faire une idée de ce magnifique tympan dans son aspect originel, tel que le suggère la reconstitution visant à en combler les lacunes. 

Il est probable que ce somptueux relief en grès surmontait le portail ouest de l’église du monastère roman. Il accueillait dès leur arrivée la foule des pèlerins, certainement impressionnés par l’esthétique austère de cet ange. À en juger par les traces colorées, l’ange ainsi que l’ensemble du tympan étaient peints dans des couleurs vives dont l’éclat resplendissait au-dessus du cortège des fidèles.  

En tant qu’élément architectural, l’image du Christ ressuscité intégré dans une mandorle s’est développée au 6ème siècle en Orient. Durant la période romane, cet ornement s’est répandu principalement en Bourgogne et dans le sud-ouest de la France. En Rhénanie supérieure, région bordant le Rhin sur 350 km depuis Bâle, on retrouve des mandorles dans les églises monastiques, par exemple à Alpirsbach, à Constance-Petershausen, ainsi que dans les églises épiscopales telles que la cathédrale de Mayence et les églises paroissiales. De quoi justifier le rapprochement, à la fois historique et esthétique, de ces mandorles avec l’ange de Schuttern. 

Ce fragment de tympan a été découvert 30 ans avant la mosaïque qui orne le sol de cette salle et dont vous pourrez admirer l’original dans les fouilles, sous l’église baroque actuelle. L’ange souriant en revanche reposait sous le chœur de l’église actuelle. Il a été mis au jour en 1942 lors de travaux de construction.

_______________________________________

L’avant-dernier paragraphe sur le type de représentation est une paraphrase de Kalbaum, Bauskulptur, pp. 51 et 52.