Station: [17] James Krüss – Biographie


Quelque part dans la mer verte

Un dieu au pinceau espiègle, 

Comme si de rien n’était

Sourit et dessina: une île.

 

Ensuite, de bonne humeur, 

Il donna au rocher des hommes

Puis leur souffla à l’oreille : 

Aimez le monde, vivez la vie!

 

James Krüss était fortement attaché à sa terre natale d’Helgoland. C’est ici que la créativité du grand auteur de livres pour enfants a ses racines et qu’ont germé beaucoup des histoires que l’on rencontrera plus tard dans son œuvre imposante. Dans la version originale allemande, les poèmes de Krüss sont en rimes. La traduction française a toutefois tenté de restituer le plaisir que prend Krüss à manier la langue.

Sa mère, Margaretha Krüss, est fille d’un pêcheur d’Helgoland, son père, Ludwig Krüss, est électricien. James naît le 31 mai 1926 à Helgoland. L’aîné d’une fratrie de quatre enfants, il est extrêmement volubile dès son plus jeune âge. Sa petite sœur Ernie le décrit comme un grand conteur qui ne pouvait jamais se taire.

À la maison, la famille parle la langue d’Helgoland, le Halunder. C’est en Halunder qu’à tout juste 5 ans, le petit James commence à faire des vers. La poésie est son genre de prédilection, et le restera tout au long de sa vie.

À l’école primaire, il poursuit sa jeune carrière d‘écrivain. Du haut de ses 10 ans, il lance la publication du journal scolaire Die Kneifzange (Les tenailles) – une allusion satirique à un enseignant qui pinçait les oreilles des élèves pour les corriger. Un exemplaire coûte la modeste somme de 5 pfennigs.

James Krüss connaît à Helgoland une enfance paisible, placée sous le signe de la liberté. Les seules limites qui lui soient imposées semblent être celles de l’île. C’est en jouant sur la plage, sur l’estran et sur le haut plateau qu’il découvre la liberté et cet amour des animaux et de la nature qui jalonneront toute son œuvre. 

La Seconde Guerre mondiale met un terme abrupt à cette vie en liberté. Tous les habitants d’Helgoland doivent quitter l’île, y compris le jeune James, alors âgé de 16 ans. À la fin de la guerre, il termine ses études d’instituteur dans le Nord de l’Allemagne. Mais c’est l’écriture qui restera toujours son métier. 

Il fonde le mensuel Helgoland, se faisant le porte-voix des insulaires exilés, écrit des romans, des poèmes pour le quotidien Süddeutsche Zeitung et des pièces radiophoniques. À Munich, il fait la connaissance du célèbre écrivain allemand Erich Kästner, une rencontre importante pour la suite de sa carrière, car Kästner le conforte dans sa décision d’écrire des livres pour enfants.

Il commence alors à écrire pour la jeunesse, et porté par la joie de faire des rimes et par sa puissante imagination, il écrit à une vitesse si vertigineuse qu’à la trentaine déjà, il a une belle carrière. 

Son premier roman, Der Leuchtturm auf den Hummerklippen (Le phare de la falaise aux homards), paru en 1956, est sélectionné pour le prix littéraire deutscher Jugendbuchpreis. Une distinction très convoitée qu’il décroche dès son second roman, Mein Urgroßvater und ich (Mon grand-père et moi).

Krüss aimait travailler pour les enfants et avec eux. Dans les années 1960, il réalise pour la télévision les émissions ABC und Phantasie ainsi que James' Tierleben - James et la vie des animaux - qui connaissent un franc succès.

Côté vie privée, c’est sur une autre île qu’il trouvera le bonheur: la Grande Canarie, où il achète une maison en 1965. D’aucuns affirment qu’il a pour ainsi dire fui. Car Krüss était homosexuel. Et dans la société pleine de préjugés des années 1960, certains voyaient d’un mauvais œil qu’il travaille avec des enfants dans le cadre de ses émissions télévisées.

Avec plus de 100 livres pour enfants à son actif, Krüss a acquis une notoriété mondiale et ses romans ont été traduits dans de nombreuses langues. L’auteur aimait revenir sur son île natale, mais toujours en visiteur.

À 71 ans, James Krüss meurt en Grande Canarie. Il avait formé le vœu que ses cendres soient dispersées à Helgoland, mais les funérailles marines ne se sont pas tout à fait passées comme prévu. Il faut croire que Krüss voulait encore un peu profiter du spectacle de l’île, parce que l’urne flottait et ne s’est décidée à couler qu’une fois qu’elle a été percée. Un incident sur lequel Krüss aurait sûrement brodé une belle histoire!

Toutes ldes images : © Nordseemuseum Museum Helgoland