Station: [6] Made in Schramberg


 

F: Bienvenue dans la salle Landenberger. Celui qui lui a donné son nom est présent en personne, sur un portrait accroché au fond de la pièce, dans l’angle à gauche. Nous vous présentons Paul Landenberger. Nous nous trouvons ici dans la chambre privée qu’il occupait à sa retraite.

M: Paul Landenberger naît le 28 décembre 1848 à Ebingen, une ville voisine. Arrivé à Schramberg à tout juste 21 ans, il est employé dans la manufacture d’horlogerie des frères Junghans, fondée quelques années auparavant, où il est préposé aux ventes. Landenberger gravit rapidement les échelons hiérarchiques jusqu’à devenir fondé de pouvoir. En 1870, Luise Junghans-Tobler, la veuve du fondateur de l’entreprise, lui confie les rênes de la gestion. Deux ans plus tard, Landenberger épouse Frida Junghans, la fille de la patronne. De cette union naîtront onze enfants.

F: Malgré ces débuts prometteurs, une amère déception l’attend au tournant. Au bout de cinq ans à la tête de la maison Junghans, Paul Landenberger décide de lui tourner le dos. Pourquoi ce revirement? ….

M: … Sa belle-mère s’oppose à ce qu’il devienne partenaire-associé, arguant que c’est là une prérogative réservée aux seuls fils d’Erhard Junghans. Landenberger jette l’éponge. Il est déçu, mais il en faut plus pour le décourager.

Il ne tarde pas à fonder son propre atelier d’horlogerie, épaulé par un associé. Or il lance son affaire à un moment peu propice, puisque l’économie allemande traverse alors une période de crise. Son compagnon de route lui fausse compagnie, l’entreprise frôle la faillite. Des commerçants hambourgeois la remettent à flot, et elle devient la H.A.U. – Hamburg Amerikanische Uhrenfabrik – si bien qu’à partir de 1883, la société est rebaptisée Horlogerie américaine de Hambourg.

F: Un intitulé inattendu, vous ne trouvez-pas? Il s’explique d’une part par le fait que le siège de l’entreprise est situé à Hambourg, et d’autre part par le processus de fabrication, qui s’inspire du modèle américain. Les ateliers de production, pour leur part, ne quittent pas la bonne ville de Schramberg.

M: La société fabrique une gamme d’articles en tous genres : réveils, pendulettes de table, horloges murales ou encore minuteurs. La H.A.U. se donne pour logo deux flèches qui s’entrecroisent. En 1930, la maison fusionne avec les ateliers d’horlogerie Gustav Becker, en Silésie, et plus tard encore, par la force des choses, avec l’horlogerie Junghans. Elle se dénommera dorénavant SA d’horlogerie Junghans frères.

F: Regardez de plus près la seconde huile sur toile. Vous y verrez au centre Frida Landenberger, née Junghans. Elle a vécu aux côtés de Paul Landenberger pendant les 65 années de leur mariage, et dans leur cas, la formule consacrée «pour le meilleur et pour le pire» revêt tout son sens.

Foto: © Stadtmuseum Schramberg