Station: [9] Hoffmann von Fallersleben


Quand Hoffmann von Fallersleben fait la traversée Hambourg-Helgoland en 1841, il aspire autant à se ressourcer physiquement qu’à s’affranchir intellectuellement. Poète et érudit, il était le chantre des idéaux révolutionnaires de la période dite du Vormärz, notamment de la liberté de la presse et du parlementarisme. Il était épris de ce vent de liberté qui soufflait alors sur l’Allemagne, qu’il rêvait de voir unifiée. 

Sa critique des rapports de domination était vue d’un mauvais œil dans son milieu d’origine. Rappelons qu’alors, la Confédération germanique était un patchwork de principautés et de duchés qui se sentaient menacés par les aspirations démocratiques et nationalistes.

À l’époque, Helgoland dépendait encore de la couronne britannique. Le petit îlot en haute mer était une destination prisée des Allemands. Le tourisme balnéaire était à son apogée et l’île, hors d‘atteinte de toute autorité, était un vivier de créativité. Fallersleben se laisse gagner par cette exaltation:

Me promenant seul sur la falaise, avec rien d’autre que la mer et le ciel autour de moi, je fus pris d’une curieuse émotion, d’un furieux besoin d’écrire plus fort que ma volonté.

Le poète prend la plume et rédige, le 26 août 1841, la Chanson des Allemands. Il s’agit d’une chanson à boire dont la ligne «Deutschland Deutschland über alles» évoque la nostalgie d’un pays qui surmonte son morcèlement pour s’unifier autour d’une langue commune.

Fallersleben avait su faire vibrer la corde sensible. Charmé, son éditeur lui en rachète les droits d’auteur pour quatre louis d’or et la fait mettre en musique sur une mélodie de Joseph Haydn.

L’histoire suit son cours et la Chanson des Allemands devient l’hymne national de la République de Weimar. Les nazis n’en retiennent que les deux premières strophes, qu’ils mettent au service de leur folle propagande guerrière. Malgré ce dévoiement, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la jeune République Fédérale d’Allemagne en choisit la troisième strophe comme hymne national, qui conservera ce statut après la réunification allemande en 1990.

Un buste en bronze rend hommage au poète. Ce monument avait été érigé à sa mémoire sur Helgoland dès 1862. Après la Seconde Guerre mondiale, la statue abimée par des impacts de balle est rénovée et son socle est remplacé. L’ancien socle en granit rouge portant l’inscription «Deutschland Deutschland über alles», qui se trouve aujourd’hui devant l’entrée du musée, est montré au public au titre de vestige historique.

Toutes ldes images : © Nordseemuseum Museum Helgoland