Station: [23] La transformation du chanvre


M: Après le défibrage, le traitement du matériau continue. Le critère de qualité obéissait à une règle simple : plus la fibre était longue, plus le futur fil serait précieux.

F: Les fibres courtes, de moindre valeur, étaient destinées à la fabrication de mèches ou de sacs. Le chanvre broyé puis filé était le matériau de qualité supérieure. On le filait à domicile, puis on blanchissait ou teintait le fil ainsi obtenu. Le blanchiment se faisait avec une lessive à base de sel et de cendres, la teinture à l’aide de substances exclusivement végétales. Le fil était enroulé sur des dévidoirs à l’aide d’un rouet et mis en bobine après le blanchiment, la teinture et le séchage. 

M: Le fil ainsi obtenu pouvait ensuite être soit vendu, soit apporté chez le tisserand.
La vente à la pesée avait lieu à la bascule, généralement par le biais d’intermédiaires venus de Lahr, Offenbourg ou Geislingen.
Le récoltant souhaitant faire transformer son fil en tissu avait l’embarras du choix : car après les agriculteurs, les tisserands étaient le métier le plus répandu à Altenheim – bien qu’il ne fût pas entouré d’un grand prestige. Le produit de leur travail n’en était pas moins prisé. Les ballots de ce tissu appelé « kelsch » étaient la pièce maîtresse de la dot d’une jeune fille, mais aussi d’un jeune homme.
Et une armoire à linge remplie de chemises à pans longs, de linge de maison et de table, était la fierté de toute mariée !

F: Dans l’angle de gauche, vous pouvez admirer une armoire peinte paysanne. Les armoires de ce type étaient faites d’un bois de sapin ordinaire et bon marché, mis en valeur par les peintures. Pour la petite histoire : l’intérieur des portes était souvent utilisé comme un carnet de notes impérissable. On y inscrivait à la craie ou au crayon gris les grands événements qui ponctuaient la vie de famille, mais aussi des informations importantes sur la récolte et les bêtes. Quand la vache va-t-elle mettre bas ? Combien de plants de tabac dois-je prévoir pour tel champ ? Ou encore : « Le 8 mars 1868, un fils nous est né, le petit David. »

 

 

Photos: © Heimatmuseum Neuried