Station: [30] Transformation du tabac : enfilage et séchage


M: Aussitôt cueillies, les feuilles étaient ensuite soigneusement empilées et acheminées dans le séchoir (appelé « tabakhängi » ou « divakhängi »). C’est là qu’il fallait les suspendre pour qu’elles sèchent jusqu’à ce que leur couleur passe du jaune au marron.

F:  Fragiles, les feuilles ne devaient surtout pas être fripées. Immédiatement après la récolte, on les enfilait sur de longs fils pour former un genre de guirlandes : de longues rangées où chaque feuille pouvait pendre librement sans contact. Pour enfiler les feuilles, on piquait la tige avec une longue aiguille. Un travail répétitif, qui incombait généralement aux femmes. Pour faire passer le temps, elles discutaient ou chantaient. Dans les années 1920, un ingénieux bricoleur d’Ichenheim, Johann Georg Nußbaum, invente et fait breveter une machine enfileuse qui écourte considérablement la durée de cette opération. 

M: La récolte et l’enfilage se faisaient en été et à la fin de l’été. Le séchage en séchoir durait environ deux mois et demi, ne se terminant pas avant la fin de l’automne. La météo jouait ici aussi un rôle essentiel : si l’air était trop humide, le tabac risquait de moisir. S’il était trop sec, les feuilles risquaient de devenir cassantes et de tomber en poussière. 

F: Pour que le climat puisse être régulé à l’intérieur du séchoir, les murs extérieurs étaient équipés de lamelles que l’on ouvrait ou fermait, en fonction du temps qu’il faisait. Une fois les feuilles de tabac complètement sèches, leur taux d’humidité était passé de 90 à 25 %. À partir de novembre, on détachait les fils et dans des caisses à tabac, on ficelait les feuilles en liasses de 500 grammes.

M: Le jour de la pesée, qui était le jour de la vente, les planteurs apportaient leur récolte sur le point de vente. À Altenheim, c’était l’auberge Salmen. La récolte y était pesée et on prenait note du montant dû. Celui-ci était versé quelques semaines plus tard, probablement un moment de joie partagée : après un si dur labeur, une récompense bien méritée !

 

 

Photos: © Heimatmuseum Neuried